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vaillamment défendu par Manuel-Montiano, à qui on avoit laiſſé le loiſir de ſe préparer.

Quoique les premiers efforts des Anglois contre l’Amérique Eſpagnole euſſent été vains, on n’y étoit pas tranquille. Il leur reſtoit leur marine, leur caractère, leur gouvernement, trois grands moyens qui faiſoient trembler. Inutilement la cour de Verſailles joignit ſes forces navales à celles que la cour de Madrid pouvoit faire agir. Cette confédération ne diminuoit pas l’audace de l’ennemi commun, & ne raſſuroit pas des eſprits trop abattus par la crainte. Heureuſement pour les deux nations & pour cette partie du monde, la mort de l’empereur Charles VI avoit allumé en Europe une guerre vive, qui, pour des intérêts fort équivoques, y retenoit les forces Britanniques.

Les hoſtilités qui avoient commencé dans les climats éloignés avec tant d’appareil, ſe réduiſirent inſenſiblement de part & d’autre à quelques pirateries. Il n’y eut d’événement important que la priſe de l’Iſle Royale, qui expoſoit aux plus grands danger la pêche, le commerce & les colonies de la France. Cette puiſſance recouvra à la paix une