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gement du reſte de la ſomme qu’ils attendoient, & dont ils renvoyèrent la liquidation à un tems plus convenable. Ces brigands croyoient de bonne-foi que tout ce qu’ils pilloient, ou exigeoient à main armée, ſur les côtes où ils étoient deſcendus, leur appartenoit ; & que Dieu & leur épée leur donnoient un droit acquis non-ſeulement ſur les capitaux des contributions dont ils ſe faiſoient ſigner l’engagement, mais ſur l’intérêt même de ces fonds à recouvrer.

Leur retraite fut brillante & audacieuſe. Ils paſſèrent fièrement au milieu de la flotte Eſpagnole, qui n’oſa pas tirer un coup de canon : elle craignoit même d’être attaquée & battue. Il eſt vraiſemblable qu’on n’en auroit pas été quitte pour la peur, ſi les bâtimens flibuſtiers n’avoient pas été chargés d’argent, ou ſi la flotte ennemie avoit eu ſur ſon bord d’autres richeſſes que des marchandiſes dont ces corſaires faiſoient peu de cas.

Il n’y avoit pas un an qu’ils étoient revenus du golfe du Mexique, lorſque la fureur d’aller piller le Pérou s’empara de tous les eſprits. On eſpéra, ſans doute, trouver plus de