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qu’ils ne s’embarquoient jamais ſans avoir recommandé au ciel le ſuccès de leur expédition, qu’ils ne revenoient jamais du pillage ſans remercier Dieu de leur victoire.

Les vaiſſeaux qui arrivoient d’Europe tentoient rarement leur avidité. Ces barbares n’y auroient trouvé que des marchandiſes dont la vente eût été peu avantageuſe, ou auroit exigé des ſoins trop ſuivis. C’étoit lorſque ces bâtimens repartoient chargés de l’or, de l’argent, des pierreries de l’autre hémiſphère, qu’on les attendoit. S’il n’y en avoit qu’un, il étoit toujours attaqué. On ſuivoit les flottes ; & malheur aux navires qui s’en écartoient ou qui reſtoient en arrière. C’étoit une proie infaillible pour les Flibuſtiers. L’Eſpagnol, que glaçoit la vue de ces ennemis impitoyables, ne ſavoit que ſe rendre. Il obtenoit la vie, ſi la priſe étoit riche : mais lorſque l’eſpérance du vainqueur étoit trompée, l’équipage était ſouvent jeté à la mer.

Pierre Legrand ; natif de Dieppe, n’a ſur un bateau que quatre canons & vingt-huit hommes. Cette foibleſſe ne l’empêche pas d’attaquer le vice-amiral des galions. Il