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au paſſage du tropique. Ces aventuriers avoient quitté juſqu’à leur nom de famille, pour prendre des noms de guerre, dont la plupart ont paſſé à leurs deſcendans.

Une chemiſe teinte du ſang des animaux qu’ils tuoient à la chaſſe ; un caleçon encore plus ſale fait en tablier de braſſeur ; pour ceinture une courroie où pendoient un ſabre fort court & quelques couteaux ; un chapeau ſans autre bord qu’un bout abattu ſur le devant ; des ſouliers ſans bas ; tel étoit l’habillement de ces barbares. Leur ambition ſe bornoit à avoir un fuſil qui portât des balles d’une once, & une meute de vingt-cinq ou trente chiens.

La vie des Boucaniers ſe paſſoit à faire la guerre aux bœurs ſauvages, extrêmement multipliés dans l’iſle, depuis que les Eſpagnols y en avoient introduit la race. Les meilleures parties de ces animaux, aſſaiſonnées avec du piment & du jus d’orange, étoient la nourriture ordinaire de leurs deſtructeurs, qui avoient oublié l’uſage du pain & qui étoient réduits à l’eau pour boiſſon. On en raſſembloit les cuirs dans les différentes rades où les navigateurs venoient