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long-tems les isles du vent sans avoir songé à s’y établir, ou sans en avoir trouvé les moyens. Peut-être craignoient-ils de se brouiller avec les Caraïbes dont ils étoient bien reçus ? Peut-être ne jugeoient-ils pas digne de leur attention, un sol qui ne produisoit aucune des denrées qui étoient d’usage dans l’ancien monde ? Enfin, des Anglois conduits par Warner, des François aux ordres de Danambue abordèrent, en 1625, à Saint-Christophe, le même jour, par deux côtés opposés. Des échecs multipliés avoient convaincu les uns & les autres, qu’ils ne s’enrichiroient sûrement des dépouilles de l’ennemi commun, que lorsqu’ils auroient une demeure fixe, des ports, un point de ralliement. Comme ils n’avoient nulle idée de commerce, d’agriculture & de conquête, ils partagèrent paisiblement les côtes de l’isle où le hasard les avoit réunis. Les naturels du pays s’éloignèrent d’eux en leur disant : il faut que la terre soit bien mauvaise chez vous, ou que vous en ayez bien peu, pour en venir chercher si loin à travers tant de périls.

La cour de Madrid ne prit pas un parti si pacifique. Frédéric de Tolède, qu’elle en-