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les calamités qui naiſſent des vices de leur caractère. Combien ces ſortes de ſpectacles ménagés à l’éducation des princes, épargneroient de crimes & de maux aux humains ! Que les larmes des rois vaudroient de biens aux peuples !

Les Caraïbes qui n’avoient pas le cœur gâté par les mauvaiſes inſtitutions qui nous corrompent, ne connoiſſoient ni les infidélités, ni les trahiſons, ni les parjures, ni les aſſaſſinats, ſi communs chez les peuples policés. La religion, les loix, les échafauds, ces digues par-tout élevées pour garantir les uſurpations anciennes contre les uſurpations nouvelles, étoient inutiles à des hommes qui ne ſuivoient que la nature. Le vol ne fut connu de ces ſauvages, qu’à l’arrivée des Européens. Lorſqu’il leur manquoit quelque choſe, ils diſoient que les Chrétiens étoient venus chez eux.

Ces inſulaires connoiſſoient peu les grands mouvemens de l’âme, ſans en excepter celui de l’amour. Ce ſentiment n’étoit pour eux qu’un beſoin. Jamais il ne leur échappoit aucune attention, aucune démonſtration de tendreſſe, pour ce ſexe ſi recherché dans