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endormir ce corps ambitieux dans l’oiſiveté, que de lui donner de nouvelles forces. N’obſerve-t-on pas, ajoutent-ils, que les égliſes ou les maiſons religieuſes ſans rente fixe, ſont des magaſins de ſuperſtition, à la charge du bas peuple ? N’eſt-ce pas là que ſe fabriquent les ſaints, les miracles, les reliques, toutes les inventions dont l’impoſture a accablé la religion ? Le bien des empires veut que le clergé ait une ſubſiſtance aſſurée ; mais ſi modique, qu’elle borne néceſſairement le faſte du corps & le nombre des membres. La misère le rend fanatique, l’opulence le rend indépendant ; l’un & l’autre le rendent séditieux.

Ainſi le penſoit du moins un philoſophe qui diſoit à un grand monarque. Il eſt dans vos états un corps puiſſant, qui s’eſt arrogé le droit de ſuſpendre le travail de vos ſujets autant de fois qu’il lui convient de les appeler dans ſes temples. Ce corps eſt autorisé à leur parler cent fois dans l’année, & à leur parler au nom de Dieu. Ce corps leur prêche que le plus puiſſant des ſouverains eſt auſſi vil devant l’être des êtres que le dernier eſclave. Ce corps leur enſeigne, qu’étant l’organe du créateur de toutes choſes, il doit être cru