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des naturels du pays, une ſeule & même famille.

Dans cette liaiſon intime, l’habitant ſauvage n’auroit pas tardé à comprendre que les arts & les connoiſſances qu’on lui portoit étoient très-favorables à l’amélioration de ſon ſort. Il eût pris la plus haute opinion des inſtituteurs ſupplians & modérés que les flots lui auroient amenés, & il ſe ſeroit livré à eux ſans réſerve.

De cette heureuſe confiance ſeroit ſortie la paix, qui auroit été impraticable, ſi les nouveaux venus fuſſent arrivés avec le ton impérieux & le ton impoſant de maîtres & d’uſurpateurs. Le commerce s’établit ſans trouble entre des hommes qui ont des beſoins réciproques ; & bientôt ils s’accoutument à regarder comme des amis, comme des frères, ceux que l’intérêt ou d’autres motifs conduiſent dans leur contrée. Les Indiens auroient adopté le culte de l’Europe, par la raiſon qu’une religion devient commune à tous les citoyens d’un empire, lorſque le gouvernement l’abandonne à elle-même, & que l’intolérance & la folie des prêtres n’en font pas un inſtrument de diſcorde. Pareillement