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Elle lui enlevoit tout le commerce intérieur. Des maiſons Angloiſes, établies à Liſbonne, recevoient les marchandiſes de leur patrie, & les diſtribuoient à des marchands répandus dans les provinces, qui les vendaient le plus ſouvent pour le compte de leurs commettans. Un modique ſalaire étoit l’unique fruit de cette induſtrie, aviliſſante pour une nation qui travailloit chez elle-même au profit d’une autre.

Elle lui raviſſoit juſqu’à la commiſſion. Les flottes deſtinées pour le Bréſil appartenoient en entier aux Anglois. Les richeſſes qu’elles rapportaient devoient leur revenir. Ils ne ſouffroient pas ſeulement que ces produits paſſent par les mains des Portugais, dont ils n’empruntoient & n’achetoient que le nom, parce qu’ils ne pouvoient s’en paſſer. Ces étrangers diſparoiſſoient auſſi-tôt qu’ils étoient parvenus au degré de fortune qu’ils s’étoient proposé, & tenoient l’état, aux dépens duquel ils s’enrichiſſoient, dans un épuiſement continuel. Il eſt prouvé, par les regiſtres des flottes, que dans l’eſpace de ſoixante ans, c’eſt-à-dire, depuis la découverte des mines juſqu’en 1756, il étoit