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Lorſque les Caſtillans s’étoient montrés pour la première fois dans cet empire, il avoit plus de quinze cens milles de côte ſur la mer du Sud, & dans ſa profondeur il n’étoit borné que par les plus hautes des Cordelières. En moins d’un demi-ſiècle, ces hommes turbulens pouſſèrent à l’Eſt leurs conquêtes depuis Panama juſqu’à la rivière de la Plata, & à l’Oueſt depuis le Chagre juſqu’à l’Orenoque. Quoique les nouvelles acquiſitions fuſſent la plupart séparées du Pérou par des déſerts affreux ou par des peuples qui défendoient opiniâtrement leur liberté, elles y furent toutes incorporées & en reçurent la loi juſque dans les derniers tems. Nous allons parcourir celles qui ont conſervé ou acquis quelque importance ; & nous commencerons par le Darien.

IX. Notions ſur le Darien. Cette contrée étoit-elle digne de diviſer les nations ?

Cette étroite langue de terre, qui joint l’Amérique Méridionale avec la Septentrionale, eſt fortifiée par une chaîne de hautes montagnes aſſez ſolide pour réſiſter à l’impulſion des deux océans opposés. Le pays eſt ſi aride, ſi pluvieux, ſi mal-ſain, ſi rempli d’inſectes, que les Eſpagnols n’auroient jamais vraiſemblablement ſongé à s’y fixer, s’ils