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préféré des occupations paiſibles au fracas & aux dangers des grandes révolutions. Ce qui pouvoit encore reſter de commotion dans quelques eſprits, s’appaiſa peu-à-peu, comme l’agitation des vagues après une longue & furieuſe tempête. Alors & alors ſeulement les rois Catholiques ſe purent dire avec vérité les rois des Eſpagnols fixés au Pérou. Mais il reſtoit un inca.

Cet héritier légitime de tant de vaſtes états vivoit au milieu des montagnes dans l’indépendance. Des princeſſes de ſon ſang aſſervies aux conquérans, abusèrent de ſon inexpérience & de ſa jeuneſſe pour l’engager à ſe rendre à Lima. Les uſurpateurs de ſes droits inconteſtables pouſſèrent l’inſolence juſqu’à lui donner des lettres de grâce, & ne lui alignèrent qu’un très-modique domaine pour ſa ſubſiſtance. Il alla cacher ſa honte & ſes regrets dans la vallée d’Yucay, où une mort encore trop tardive termina trois ans après ſa malheureuſe carrière. Une fille unique qui lui ſurvécut, épouſa Loyola ; & de ce mariage ſont ſorties les maiſons d’Oropeſa & d’Alcannizas. Ainſi fut conſommée la conquête du Pérou, vers l’an 1560.