Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v4.djvu/86

Cette page n’a pas encore été corrigée

charge, par ſes meilleurs ſoldats, lui conſeilla, mais en vain, de ſe précipiter dans les bataillons ennemis & d’y périr en Romain. Ce foible chef de parti aima mieux ſe rendre & porter ſa tête ſur un échafaud. On pendit autour de lui neuf ou dix de ſes officiers. Une peine plus infamante fut prononcée contre Carvajal.

Ce confident de Pizarre, que toutes les relations accuſent d’avoir maſſacré lui-même quatre cens hommes, d’avoir, par le miniſtère de ſes bourreaux, immolé plus de mille Eſpagnols, & fait périr, dans des travaux exceſſifs, plus de vingt mille Indiens, fut un des hommes les plus étonnans dont l’hiſtoire ait conſervé le ſouvenir. Dans un tems où toutes les âmes étoient exaltées, il montra un courage auquel nul autre ne put être comparé. Il fut toujours fidèle à la faction qu’il avoit épousée, quoique l’uſage de changer de drapeaux ſelon les circonſtances fut généralement établi. Jamais on ne lui vit perdre la mémoire du plus léger ſervice, & ceux qui l’avoient une fois obligé pouvoient lui manquer impunément. Sa cruauté étoit devenue proverbe ; & dans ſes plus atroces