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à la manière des rois. D’autres, par une flatterie encore plus outrée, prétendoient qu’il falloit abattre une partie des murs de la ville, & même quelques maiſons, comme on le pratiquoit à Rome, lorſqu’un général obtenoit les honneurs du triomphe. Gonzale ſe contenta d’entrer à cheval, précédé par les lieutenans qui marchoient à pied. Il avoit à ſes côtés, quatre évêques. Les magiſtrats le ſuivoient. On avoit jonché les rues de fleurs. L’air retentiſſoit du ſon des cloches & des divers inſtrumens de muſique. Ces hommages achevèrent de tourner la tête d’un homme naturellement fier & borné. Il parla & agit en deſpote.

Avec du jugement & l’apparence de la modération, il eût été poſſible à Gonzale de ſe rendre indépendant. Les principaux de ſon parti le déſiroient. Le grand nombre auroit vu cet événement d’un œil indifférent, & les autres auroient été forcés d’y conſentir. Une cruauté aveugle, une avidité inſatiable, un orgueil ſans bornes, changèrent ces diſpoſitions. Ceux même dont les intérêts étoient le plus liés avec ceux du tyran, ſoupiroient après un libérateur.