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des monaſtères, des hôpitaux de tous ceux, qui s’étoient trouvés mêlés dans les troubles publics. Le peu de terres qui pouvoient appartenir à d’autres maîtres, devoient ſubir la même loi, après que les poſſeſſeurs actuels auroient terminé une carrière plus ou moins longue ; ſans que leurs héritiers, leurs femmes, leurs enfans en puſſent réclamer la moindre partie.

Avant d’ordonner une ſi grande révolution, n’auroit-il pas fallu adoucir des mœurs féroces, plier au joug des hommes qui avoient toujours vécu dans l’indépendance, ramener à des principes d’équité l’injuſtice même, lier à l’intérêt général ceux qui n’avoient connu que des intérêts privés, rendre citoyens des aventuriers qui avoient comme oublié le pays de leur origine, établir des propriétés où l’on n’avoit connu que la loi du plus fort, faire ſortir l’ordre du déſordre même ; & par un tableau frappant des maux que l’anarchie venoit de cauſer, rendre cher & reſpectable un gouvernement régulièrement ordonné ? Comment, ſans aucun de ces préliminaires, la cour de Madrid put-elle eſpérer de parvenir bruſquement au but qu’elle ſe propoſoit ?