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À l’égard des terres qui étoient entre les mains des particuliers, elles n’étoient ni un héritage, ni même une propriété à vie. Leur partage varioit continuellement, & ſe régloit avec une équité rigoureuſe ſur le nombre de têtes qui compoſoient chaque famille. Les richeſſes ſe bornoient toujours au produit des champs dont l’état avoit confié l’uſufruit paſſager.

Cet uſage des poſſeſſions amovibles a été univerſellement réprouvé par les hommes éclairés. Ils ont conſtamment pensé qu’un peuple ne s’élèveroit jamais à quelque force, à quelque grandeur que par le moyen des propriétés fixes, même héréditaires. Sans le premier de ces moyens, l’on ne verroit ſur le globe que quelques ſauvages errans & nus, vivant misérablement de fruits, de racines ; produit unique & borné de la nature brute. Sans le ſecond, nul mortel ne vivroit que pour lui-même. Le genre-humain ſeroit privé de tout ce que la tendreſſe paternelle, l’amour de ſon nom, & le charme inexprimable qu’on trouve à faire le bonheur de ſa poſtérité, font entreprendre de durable. Le ſyſtême de quelques ſpéculateurs hardis, qui ont regardé