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leurs habits, d’élever leurs maiſons, de fabriquer leurs inſtrumens d’agriculture. Chaque famille ſavoit ſeule pourvoir à ſes beſoins.

Il étoit ordonné aux Péruviens de s’aimer, & tout les y portoit. Ces travaux communs, toujours égayés par des chants agréables ; l’objet même de ces travaux, qui étoit d’aider quiconque avoit beſoin de ſecours ; ces vêtemens faits par les filles vouées au culte du ſoleil, & diſtribués par les officiers de l’empereur aux pauvres, aux vieillards, aux orphelins ; l’union qui devoit régner dans les décuries, où tout le monde s’inſpiroit mutuellement le reſpect des loix, l’amour de la vertu, parce que les châtimens pour les fautes d’un ſeul, tomboient ſur toute la décurie ; cette habitude de ſe regarder comme membres d’une ſeule famille, qui étoit l’empire : tous ces uſages entretenoient parmi les Péruviens, la concorde, la bienveillance, le patriotiſme, un certain eſprit de communauté ; & ſubſtituoient, autant qu’il eſt poſſible, à l’intérêt perſonnel, à l’eſprit de propriété, aux reſſorts communs des autres légiſlations, les vertus les plus ſublimes & les plus aimables,