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L’Eſpagne verroit bientôt arriver ſa population au point où elle doit la déſirer, ſi elle n’ouvroit pas ſeulement ſon ſein aux peuples de ſa communion, mais indiſtinctement à toutes les ſectes. Elle le pourroit ſans bleſſer les principes de la religion, ſans s’écarter des maximes de la politique. Les bons gouvernemens ne ſont pas troublés par la diverſité des opinions, & un chriſtianiſme bien entendu ne proſcrit pas la liberté de conſcience. Ces vérités ont été portées à un tel degré d’évidence, qu’elles ne doivent pas tarder de ſervir de règle à toutes les nations un peu éclairées.

Lorſque l’Eſpagne aura acquis des bras, elle les occupera de la manière qui lui ſera la plus avantageuſe. Le chagrin qu’elle avoit de voir les tréſors du Nouveau-Monde paſſer chez ſes rivaux & ſes ennemis, lui a fait croire qu’il n’y avoit que le rétabliſſement de ſes manufactures qui pût la mettre en état d’en retenir une partie. Ceux de ces écrivains économiques qui ont le plus appuyé ce ſyſtême, nous paroiſſent dans l’erreur. Tant que les peuples qui ſont en poſſeſſion de fabriquer des marchandiſes qui ſervent à l’approviſionnement