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eux. Dès-lors des mœurs ſuperſtitieuſes, utiles ſeulement au ſacerdoce, devinrent nuiſibles à la ſociété. Des peuples ainſi corrompus & dégénérés, furent les plus cruels des peuples. Leur obéiſſance pour le monarque, fut ſubordonnée à la volonté du prêtre. Il opprima tous les pouvoirs ; il ſut le vrai ſouverain de l’état.

L’inaction fut la ſuite néceſſaire d’une ſuperétation qui énervoit toutes les facultés de l’âme. Le projet que les Romains formèrent dès leur enfance de devenir les maîtres du monde, ſe manifeſta juſque dans leur religion. C’étoit la Victoire ; Bellone, la Fortune, le Génie du peuple Romain, Rome même, qui étoient leurs dieux. Une nation qui aſpiroit à marcher ſur leurs traces, & qui ſongeoit à devenir conquérante, adopta un gouvernement monacal, qui a détruit tous les reſſorts, qui les empêchera de ſe rétablir en Eſpagne & en Amérique, s’il n’eſt renversé lui-même avec toute l’horreur qu’il doit inſpirer. L’abolition de l’inquiſition doit hâter ce grand changement. Il eſt doux d’eſpérer que ſi la cour de Madrid ne ſe détermine pas à cet acte néceſſaire, elle y ſera quelque