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de domeſtiques que les grands traînoient à leur ſuite, avec ce faſte qui étale magnifiquement l’orgueil de la condition la plus inutile, & la dégradation de la claſſe la plus néceſſaire.

Ceux qui, par un reſte de vanité, ne vouloient pas vivre ſans quelque conſidération, ſe précipitoient en foule dans les cloîtres, où la ſuperſtition avoit préparé depuis longtems un aſyle commode à leur pareſſe, & où l’imbécillité alloit juſqu’à leur prodiguer des diſtinctions.

Les Eſpagnols même qui avoient dans le monde un bien honnête, languiſſoient dans le célibat, aimant mieux renoncer à leur poſtérité, que de s’occuper à l’établir. Si quelques-uns, entraînés par l’amour & la vertu, s’engageoient dans le mariage, à l’exemple des grands, ils confioient d’abord leurs enfans à l’éducation ſuperſtitieuſe des collèges, & dès l’âge de quinze ans, les livraient à des courtiſanes. Le corps & l’eſprit de ces jeunes gens vieillis de bonne heure s’épuiſoient également dans ce commerce infâme, qui ſe perpétuoit même parmi ceux qui avoient contracté des nœuds légitimes.