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fréter de l’étranger juſqu’aux aviſos qu’on envoyoit aux Canaries & en Amérique.

Philippe IV, avec toutes les riches mines de l’Amérique, vit tout-à-coup ſon or changé en cuivre, & fut réduit à donner aux monnoies de ce vil métal, un prix preſqu’auſſi fort qu’à l’argent.

Ces déſordres n’étoient pas les plus grands de la monarchie. L’Eſpagne, remplie d’une vénération ſtupide & ſuperſtitieuſe pour le ſiècle de ſes conquêtes, rejettoit avec dédain tout ce qui n’avoit pas été pratiqué dans ces tems brillans. Elle voyoit les autres peuples s’éclairer, s’élever, ſe fortifier, ſans vouloir rien emprunter d’eux. Un mépris décidé pour les lumières & les mœurs de ſes voiſins, formoit la baſe de ſon caractère.

L’inquiſition, cet effroyable tribunal, établi d’abord pour arrêter les progrès du judaïſme & de l’alcoran, avoit dénaturé le caractère des peuples. Il les avoit formés à la réſerve, à la défiance, à la jalouſie. Et comment en fût-il arrivé autrement ? Lorſqu’un fils put accuſer ſon père, une mère ſon fils & ſon époux, un ami ſon ami, un citoyen ſon concitoyen ; lorſque toutes les paſſions devinrent