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économie politique fut ou négligée ou dédaignée ; & l’on ne vit la grandeur de la monarchie que dans l’or & dans l’argent de l’Amérique. Les peuples avoient la même ambition. Ils abandonnoient en foule leur pays natal pour courir après des métaux. Ces émigrations immenſes & continuelles laiſſoient dans la population de la patrie principale un vuide qui n’étoit pas rempli par les étrangers que l’orgueil & l’intolérance ne ceſſoient de repouſſer.

L’Eſpagne fut affermie, par des ſuccès aſſez long-tems ſoutenus, dans les fauſſes routes qu’elle s’étoit d’abord tracées. Un aſcendant qu’elle devoit uniquement aux circonſtances, lui parut une conséquence néceſſaire de ſon adminiſtration & de ſes maximes.

Les calamités qui, dans la ſuite, l’aſſaillirent de toutes parts, pouvoient l’éclairer. Une chaîne rarement interrompue de guerres plus funeſtes les unes que les autres, la priva de la tranquilité qu’il lui auroit fallu pour approfondir les vices d’un ſyſtême ſuivi avec la plus grande sécurité ſans interruption.

Les lumières acquiſes ou répandues ſucceſſivement par les autres peuples étoient