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les grands établiſſemens qui ſe formoient de toutes parts dans l’autre hémiſphère, fut très limitée pour les naturels du pays eux-mêmes. Le gouvernement prit le parti de régler tous les ans le nombre des bâtimens qu’il convenoit d’envoyer, & le tems de leur départ.

Il entra dans ſa politique de rendre ces voyages rares, & la permiſſion d’équiper un navire devint une faveur très-ſignalée. Pour l’arracher, on rempliſſoit d’intrigues la capitale de l’empire, & on entretenoit la corruption dans tous les bureaux.

Sous prétexte de prévenir les fraudes, d’établir un ordre invariable, de procurer une sûreté entière à des vaiſſeaux richement chargés, on multiplia tellement les lenteurs, les viſites, les inquiſitions, les équipages, les formalités de tous les genres, en Europe & en Amérique, que les faux-frais doublèrent la valeur de quelques marchandiſes, & augmentèrent beaucoup la valeur de toutes.

L’oppreſſion des douanes acheva de tout perdre. Les objets exportés pour l’autre hémiſphère, furent aſſujettis à des droits tels qu’il n’en avoit jamais exiſté dans aucun ſiècle, ni ſur aucune partie du globe. Le