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dence qui veille à votre conſervation, en vous préſentant des alimens qui vous ſont propres & en perpétuant ſans interruption le beſoin que vous en avez, vous en permet un libre uſage : que ſi le ciel ſe courrouçoit lorſque vous en mangez dans un tems prohibé, il n’y a ſur la terre aucune autorité qui pût vous diſpenſer de lui obéir : qu’on abuſe de votre ſtupide crédulité, & que par un trafic infâme, un être qui n’eſt pas plus que vous, une créature qui n’eſt rien aux yeux de ſon maître & du vôtre, s’arroge le droit de vous commander en ſon nom ou de vous affranchir de ſes ordres pour une pièce d’argent. Cette pièce d’argent, la prend-il pour lui ou la donne-t-il à ſon Dieu ? Son Dieu eſt-il indigent ? Vit-il de reſſources ? Théſauriſe-t-il ? Que s’il eſt dans une autre vie un juge rémunérateur des vertus & vengeur des crimes, ni l’or que vous avez donné, ni les pardons que vous aurez acquis avec cet or ne feront pas incliner ſa balance. Que ſi ſa juſtice vénale ſe laiſſoit corrompre, il ſeroit auſſi vil, auſſi mépriſable que ceux qui ſiègent dans vos tribunaux. Que ſi ſon repréſentant avoit pour lui-même le pouvoir qu’il vous a perſuadé