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Eſpagnol du Nouveau-Monde. Le ſervice domeſtique des gens riches a été la deſtination du plus grand nombre. Ils n’ont pas tardé à devenir les confidens des plaiſirs de leurs maîtres ; & ce honteux miniſtère les a conduits à la liberté. Leurs deſcendans ſe ſont alliés, tantôt avec les Européens, tantôt avec les Mexicains, & ont formé la race nombreuſe & vigoureuſe des mulâtres qui, comme celle des métis, mais deux ou trois générations plus tard, parvient à la couleur & à la conſidération des blancs. Ceux même d’entre eux qui ſont encore dans les fers ont pris un empire décidé ſur le malheureux indigène. Ils ont dû cette ſupériorité à la faveur déplacée que leur accordoit le gouvernement.

Par cette raiſon, les Africains, qui, dans les établiſſemens des autres nations ſont les ennemis des blancs, en ſont devenus les défenſeurs dans les Indes Eſpagnoles.

Mais pourquoi la faveur du gouvernement tomba-t-elle ſur l’eſclave acheté de préférence à l’eſclave conquis ? C’eſt que l’injure faite à celui-ci étoit plus ancienne & plus grande que l’injure faite au premier ; que celui-là étoit accoutumé au joug ; qu’il falloit