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XXI. Les métis.

La ſupériorité que les chapetons affectent ſur les créoles, ceux-ci la prennent ſur les métis. C’eſt la race provenant d’un Européen avec une Indienne. Les Eſpagnols qui, dans les premières époques de la découverte, abordèrent au Nouveau-Monde n’avoient point de femmes avec eux. Quelques-uns des plus conſidérables attendirent qu’il en vînt d’Europe. La plupart donnèrent leur foi aux filles du pays les plus diſtinguées ou les plus agréables. Souvent même ſans les épouſer, on les rendit mères. La loi fit jouir ces enfans, légitimes ou illégitimes, des prérogatives de leur père : mais le préjugé les plaça plus bas. Ce n’eſt guère qu’après trois générations, c’eſt-à-dire lorſque leur couleur ne diffère en rien de celle des blancs, tous très-baſanés, que dans le cours ordinaire de la vie civile, ils ſont traités comme les autres créoles. Avant d’arriver à une égalité ſi flatteuſe, ces métis, par-tout très-nombreux & dont l’eſpèce ſe renouvelle ſans interruption, s’occupoient la plupart des arts méchaniques & des moindres détails du commerce. Après avoir acquis plus de dignité, ils ſont encore réduits à continuer les mêmes travaux juſqu’à