D’autres cauſes plus obſcures de deſtruction remplacèrent celle-là. L’uſage s’établit d’envoyer annuellement à deux, à trois cens lieues de leurs frontières une partie des bourgades cueillir l’herbe du Paraguay, pour laquelle on leur connoiſſoit une paſſion inſurmontable. Dans ces longues & pénibles courſes, pluſieurs périſſoient de faim & de fatigue. Quelquefois durant leur abſence des ſauvages errans dévaſtoient des plantations privées de la plupart de leurs défenſeurs. Ces vices étoient à peine corrigés, qu’une nouvelle calamité affligea les miſſions.
Un malheureux haſard y porta la petite-vérole, dont les poiſons furent encore plus meurtriers dans cette contrée que dans le reſte du Nouveau-Monde. Cette contagion ne diminua point, & continua à entaſſer victime ſur victime ſans interruption. Les Jéſuites ignorèrent-ils les ſalutaires effets de l’inoculation ſur les bords de l’Amazone, ou ſe refusèrent-ils par ſuperſtition à une pratique dont les avantages ſont ſi bien prouvés ?
Après tout, ce fut le climat qui arrêta ſurtout la population des Guaranis. Le pays qu’ils occupoient, principalement ſur le