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d’Europe qui lui arrivoient, tantôt ouvertement, tantôt en fraude ; & elle parvint à ouvrir un commerce aſſez régulier avec le Chili & avec le Pérou. Originairement, les caravanes, qui formoient ces liaiſons, employoient le ſecours de la bouſſole pour ſe conduire dans les vaſtes déſerts qu’il leur falloit traverſer : mais, avec le tems, on eſt parvenu à ſe paſſer de cet inſtrument ſi néceſſaire pour d’autres uſages bien plus importans.

Des charriots partent maintenant de Buenos-Aires pour leur deſtination reſpective. Pluſieurs ſe joignent pour être en état de réſiſter aux nations ſauvages qui les attaquent ſouvent dans leur marche. Tous ſont traînés par quatre bœufs, portent cinquante quintaux & font ſept lieues par jour. Ceux qui prennent la route du Pérou s’arrêtent à Juguy, après avoir parcouru quatre cens ſoixante-ſept lieues ; & ceux qui ſont deſtinés pour le Chili n’en ont que deux cens ſoixante-quatre à faire pour gagner Mendoza. Les premiers reçoivent quatre piaſtres ou 21 livres 8 ſols par quintal, & les ſeconds un prix proportionné à l’eſpace qu’ils ont par-