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telles de ces feuilles qui ont le plus de réputation. L’arbre qui les fournit croît dans les fonds marécageux qui séparent les hauteurs. L’Aſſomption donna d’abord de la célébrité à une production qui faiſoit les délices des ſauvages. L’exportation qu’elle en fit, lui procura des richeſſes conſidérables. Cette proſpérité ne fut qu’un éclair. La ville perdit bientôt, dans le long trajet qu’il falloit faire, la plupart des Indiens de ſon territoire. Elle ne vit autour d’elle qu’un déſert ; & il lui fallut renoncer à cette unique ſource de ſon opulence.

À ce premier entrepôt ſuccéda celui de Villa-Rica, qui s’étoit approché trente-ſix lieues de la production. Il ſe réduiſit peu-à-peu à rien, par la même raiſon qui avoit fait tomber celui dont il avoit pris la place.

Enfin au commencement du ſiècle, fut bâti Cunuguati, à cent lieues de l’Aſſomption & au pied des montagnes de Maracayu. C’eſt aujourd’hui le grand marché de l’herbe du Paraguay : mais il lui eſt ſurvenu un concurrent qu’on ne devoit pas craindre.

Les Guaranis, qui ne cueilloient d’abord de cette herbe que ce qu’il en falloit pour