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rend l’entrée difficile. Il faudra bien que la cour de Madrid s’arrête un peu plutôt, un plus tard à ce parti ; puiſque Maldonado, qui faiſoit tout ſon eſpoir, eſt maintenant reconnu pour un des plus mauvais havres qu’il y ait au monde.

XI. De l’herbe du Paraguay, la principale richeſſe de la colonie.

La plus riche production qui ſorte des trois provinces, c’eſt l’herbe du Paraguay. C’eſt la feuille d’un arbre de grandeur moyenne, qui n’a été décrit ni obſervé par aucun botaniſte. Son goût approche de celui de la mauve, & ſa figure de celle de l’oranger. On la diviſe en trois claſſes. La première, nommée caacuys, eſt le bouton qui commence à peine à déployer ſes feuilles : elle eſt fort ſupérieure aux deux autres ; mais elle ne ſe conſerve pas ſi long-tems, & il eſt difficile de la tranſporter au loin. La ſeconde, qui s’appelle caamini, eſt la feuille qui a acquis toute ſa grandeur, & dont on a tiré les côtes. Si les côtes y reſtent, c’eſt le caaguazu, qui forme la troiſième eſpèce. Les feuilles, après avoir été grillées, ſe conſervent dans des foſſes creuſées en terre & couvertes d’une peau de bœuf.

Les montagnes de Maracayu produiſent celles