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Ce ſont les ſeuls peuples du Nouveau-Monde qui aient osé ſe meſurer avec les Européens en raſe campagne, & qui aient imaginé l’uſage de la fronde pour lancer de loin la mort à leurs ennemis. Leur audace s’élève juſqu’à attaquer les poſtes les mieux fortifiés. Ces emportemens leur réuſſiſſent quelquefois, parce qu’ils reçoivent continuellement des ſecours qui les empêchent de ſentir leurs pertes. S’ils en font d’aſſez marquées pour ſe rebuter, ils ſe retirent à quelques lieues, & cinq ou ſix jours après, ils vont fondre d’un autre côté. Ces barbares ne ſe croient battus que lorſqu’ils ſont enveloppés. S’ils peuvent gagner un lieu d’un accès difficile, ils ſe jugent vainqueurs. La tête d’un Eſpagnol qu’ils portent en triomphe les conſole de la mort de cent Indiens.

Quelquefois les hoſtilités ſont prévues de loin & concertées avec prudence. Le plus ſouvent un ivrogne crie qu’il faut prendre les armes. Les eſprits s’échauffent. On choiſit un chef ; & voilà la guerre. Dans les ténèbres de la nuit fixée pour la rupture, on tombe ſur le premier village où il y a des Eſpagnols, & de-là le carnage eſt porté dans d’autres. Tout