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rapporter ces objets utiles, & je les traverſerai de rechef pour rapporter dans ma patrie les choſes que j’aurai priſes en échange. Les frais du voyage, les avaries & les périls doivent entrer en calcul. Si je ris en moi-même de l’imbécillité de celui qui me donne ſon or pour du fer, le prétendu imbécile ſe rit auſſi de moi qui lui cède mon fer dont il connoît toute l’utilité, pour ſon or qui ne lui ſert à rien. Nous nous trompons tous les deux, ou plutôt nous ne nous trompons ni l’un, ni l’autre, Les échanges doivent être parfaitement libres. Si je veux arracher par la force ce qu’on me refuſe, ou faire accepter violemment ce qu’on dédaigne d’acquérir, on peut légitimement ou m’enchaîner ou me chaſſer. Si je me jette ſur la denrée étrangère, ſans en offrir le prix, ou ſi je l’enlève furtivement, je ſuis un voleur qu’on peut tuer ſans remords.

Une contrée déſerte & inhabitée, eſt la ſeule qu’on puiſſe s’approprier. La première découverte bien conſtatée ſut une priſe de poſſeſſion légitime.

D’après ces principes, qui me paroiſſent d’éternelle vérité, que les nations Européen-