Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v4.djvu/199

Cette page n’a pas encore été corrigée

Quoique très-laſcif, il s’accouple avec peine. En vain la femelle, qui ſe proſterne pour le recevoir, l’invite par ſes ſoupirs ; ils ſont quelquefois un jour entier à gémir ſans pouvoir jouir, ſi l’homme ne les aide à remplir le vœu de la nature. Ainſi, pluſieurs de nos animaux domeſtiques, enchaînés, domptés, forcés & contraints dans les mouvemens & les ſenſations les plus libres, perdent en de vains efforts, dans des étables, les germes de leur reproduction, quand on ne ſupplée pas par les ſoins & les ſecours d’une attention économique à la liberté qu’on leur a ôtée. Les femelles du lama n’ont que deux mamelles, jamais plus de deux petits & communément un ſeul qui ſuit la mère en naiſſant. Son accroiſſement eſt prompt, & ſa vie aſſez courte. À trois ans, il ſe reproduit, conſerve ſa vigueur juſqu’à douze, puis dépérit & finit vers quinze.

On emploie les lamas, comme les mulets, à tranſporter ſur le dos des charges d’environ cent livres. Ils vont lentement, mais d’un pas grave & ferme ; faiſant quatre ou cinq lieues par jour, dans des pays impraticables pour les autres animaux ; deſcendant des ravines