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du maïs & des autres grains. Ces peuples ne montrent pas plus d’ardeur pour ſe procurer des vêtemens. Inutilement on a tenté d’inſpirer un meilleur eſprit, un eſprit plus convenable au bien de l’empire. L’autorité a été impuiſſante contre des uſages que ſa tyrannie avoit fait naître, que ſes injuſtices entretenoient.

Les Péruviens, tous les Péruviens ſans exception, ſont un exemple de ce profond abrutiſſement où la tyrannie peut plonger les hommes. Ils ſont tombés dans une indifférence ſtupide & univerſelle. Eh, que pourroit aimer un peuple dont la religion élevoit l’âme, & à qui l’eſclavage le plus aviliſſant a ôté tout ſentiment de grandeur & de gloire ! Les richeſſes que la nature a ſemées ſous leurs pas ne les tentent point. Ils ont la même inſenſibilité pour les honneurs. Ils font ce que l’on, veut, ſans chagrin ni préférence, ſerfs ou caciques, l’objet de la conſidération ou de la risée publique. Tous les reſſorts de leur âme ſont brisés. Celui de la crainte même eſt ſouvent ſans effet, par le peu d’attachement qu’ils ont à la vie. Ils s’enivrent & ils danſent : voilà tous leurs