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que leur retour fréquent n’en diminue pas la violence.

Ce phénomène, toujours irrégulier dans ſes retours inopinés, s’annonce cependant par des avant-coureurs ſenſibles. Lorſqu’il doit être conſidérable, il es précédé d’un frémiſſement dans l’air dont le bruit eſt ſemblable à celui d’une groſſe pluie qui tombe d’un nuage diſſous & crevé tout-à-coup. Ce bruit paroit l’effet d’une vibration dans l’air qui s’agite en ſens contraires. Les oiſeaux volent alors par élancement. Leur queue ni leurs ailes ne leur ſervent plus de rames ou de gouvernail pour nager dans le fluide des cieux. Ils vont s’écraſer contre les murs, les arbres, les rochers : ſoit que ce vertige de la nature leur cauſe des éblouiſſemens, ou que les vapeurs de la terre leur ôtent les forces & la faculté de maîtriſer leurs mouvemens.

À ce fracas des airs ſe joint le murmure de la terre, dont les cavités & les antres lourds gémiſſent comme autant d’échos. Les chiens répondent par des hurlemens extraordinaires à ce preſſentiment d’un déſordre général. Les animaux s’arrêtent, & par un