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XXIV. Digreſſion ſur la formation des montagnes.

Mais pour diſtraire notre imagination de tant de tableaux déſolans qui nous ont peut-être trop occupés, perdons un moment de vue ces campagnes enſanglantées, & entrons dans le Pérou, en fixant d’abord nos regards ſur ces monts effrayans, où de ſavans & courageux aſtronomes allèrent meſurer la figure de la terre. Livrons-nous aux ſentimens qu’ils éprouvèrent ſans doute & que doit éprouver le voyageur inſtruit ou ignorant, par-tout où la nature lui offre un pareil ſpectacle. Oſons même nous permettre quelques conjectures générales ſur la formation des montagnes.

À l’aſpect de ces maſſes énormes qui s’élèvent à des hauteurs prodigieuſes au-deſſus de l’humble ſurface du globe, où les hommes ont preſque tous établi leur demeure ; de ces maſſes, ici couronnées d’impénétrables & antiques forêts qui n’ont jamais retenti du bruit de la coignée, là, ne préſentant qu’une ſurface aride & dépouillée ; dans une contrée, d’une majeſté ſilencieuſe & tranquille, qui arrête la nuée dans ſon cours & qui briſe l’impétuoſité des vents ; dans une autre, éloignant le voyageur de leurs ſommets par