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de frais que ceux qu’il faut voiturer dans nos régions, avant de les faire paſſer aux Indes. Les marchandiſes embarquées à Manille arriveroient à Panama ſur une mer conſtamment tranquille, par une ligne très-droite & avec les mêmes vents. Au moyen d’un canal très-court, ſollicité depuis longtems par le commerce, on feroit enſuite arriver aisément les cargaiſons à l’embouchure du Chagre où elles ſeroient chargées pour l’Europe.

Alberoni s’attendoit bien que les puiſſances, dont cet arrangement bleſſeroit les intérêts & ruineroit l’induſtrie, chercheroient à le traverſer : mais il ſe croyoit en état de braver leur courroux dans les mers d’Europe, & il avoit déjà donné ſes ordres, pour qu’on mît les côtes & les ports de la mer du Sud en état de ne rien craindre des eſcadres fatiguées qui pourroient les attaquer.

Ces combinaiſons trouvèrent des approbateurs. Aux yeux des enthouſiaſtes d’Alberoni, & il y en avoit beaucoup, c’étoient les efforts ſublimes d’un puiſſant génie pour la proſpérité & pour la gloire de la monarchie qu’il reſſuſcitoit. D’autres, en plus grand