Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v2.djvu/96

Cette page n’a pas encore été corrigée
82
Histoire philosophique

pouvoit prendre à cette branche de commerce. Elle a renoncé à une branche bien plus riche, c’est celle de Gedda.

Gedda est un port situé vers le milieu du golfe Arabique, à quinze ou seize lieues de la ville sainte. Il est assez sûr ; mais l’approche en est difficile. Les affaires y ont attiré neuf ou dix mille habitans, logés, la plupart, dans des cabanes, & tous condamnés à respirer un air corrompu, & à boire de l’eau saumâtre. Le gouvernement y est mixte. Le chérif de la Mecque, & le grand-seigneur, qui y tient une foible & inutile garnison, partagent l’autorité & le produit des douanes. Ces droits sont de huit pour cent pour les Européens, & de treize pour toutes les autres nations. Ils se paient toujours en marchandises, que les administrateurs forcent les négocians du pays d’acheter fort cher. Il y a long-tems que les Turcs, qui ont été chassés d’Aden, de Moka, de tout l’Yemen, l’auroient été de Gedda, si l’on n’avoit craint qu’ils ne se livrâssent à une vengeance qui auroit mis fin aux pèlerinages & au commerce.

Surate envoie tous les ans à Gedda trois