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mandel, quatre ou cinq cens balles de toiles, preſque toutes bleues, La plus grande partie de ces marchandiſes, qui peuvent être vendues ſix millions, trouve ſa conſommation dans l’intérieur du pays. Le reſte, ſurtout les toiles, ſe diſtribue dans l’Abyſſinie, à Socotora, & ſur la côte Orientale de l’Afrique.

Aucune des affaires qui ſe traitent à Moka, ainſi que dans tout l’Yemen, à Sanaa même, ſa capitale, n’eſt entre les mains des naturels du pays. Les avanies, dont ils ſont continuellement menacés par le gouvernement, les empêchent même de s’y intéreſſer. Toutes les maiſons de commerce ſont tenues par des Banians de Surate ou du Guzurate, qui ne manquent jamais de regagner leur patrie, auſſi-tôt que leur fortune eſt faite. Ils cèdent alors leurs établiſſemens à des négocians de leur nation, qui diſparoiſſent à leur tour, pour être remplacés par d’autres. Il n’y a aucune contrée où l’on ne connoiſſe le prix de tout, de tout excepté de l’homme. Les nations les plus policées n’en ſont pas encore venues juſques-là. Témoin la multitude de peines capitales infligées par-tout, & pour