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oiſifs, & un lieu de délaſſement pour les hommes occupés. Les politiques s’y entretenoient de nouvelles ; les poètes y récitoient leurs vers, & les Mollachs y débitoient des ſermons, qui étoient ordinairement payés de quelques aumônes.

Les choſes ne ſe paſſèrent pas ſi paiſiblement à Conſtantinople. On n’y eut pas plutôt ouvert des cafés, qu’ils furent fréquentés avec fureur. On n’en ſortoit pas. Le grand Muphti, déſeſpéré de voir les moſquées abandonnées, décida que cette boiſſon étoit compriſe dans la loi de Mahomet, qui proſcrit les liqueurs fortes. Le gouvernement, qui ſert ſouvent la ſuperſtition dont il eſt quelquefois la dupe, fît auſſi-tôt fermer des maiſons qui déplaiſoient ſi fort aux prêtres, chargea même les officiers de police de s’oppoſer à l’uſage de cette liqueur dans l’intérieur des familles. Un penchant déclaré triompha de toutes ces sévérités. On continua de boire du café ; & même les lieux où il ſe diſtribuoit, ſe trouvèrent bientôt en plus grand nombre qu’auparavant.

Je dirois volontiers aux ſouverains : Si vous voulez que vos loix ſoient obſervées,