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Histoire philosophique

que la Syrie, la Méſopotamie, la Perſe, en ſoient le théâtre.

Les Arabes, qui ſe vouent au brigandage, s’aſſocient avec les chameaux, pour un commerce ou une guerre dont l’homme a tout le profit, & l’animal, la principale peine. Comme ces deux êtres doivent vivre enſemble, ils ſont élevés l’un pour l’autre. L’Arabe forme ſon chameau, dès la naiſſance, aux exercices & aux rigueurs qu’il doit ſupporter toute ſa vie. Il l’accoutume à travailler beaucoup, & à conſommer peu. L’animal paſſe de bonne heure les jours ſans boire, & les nuits ſans dormir. On l’exerce à plier ſes jambes ſous le ventre, pour laiſſer charger ſon dos de fardeaux qu’on augmente inſenſiblement, à meſure que ſes forces croiſſent par l’âge & par la fatigue. Dans cette éducation ſingulière, dont il paroît que les rois ſe ſervent quelquefois pour mieux dompter les peuples, à proportion qu’on double ſes travaux, on diminue ſa ſubſiſtance. On le forme à la courſe par l’émulation. Un cheval Arabe eſt le rival qu’on préſente au chameau. Celui-ci moins prompt & moins léger, laſſe à la fin, ſon vainqueur dans la longueur des routes