Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v2.djvu/77

Cette page n’a pas encore été corrigée

Arabes pour ſe procurer les choſes qui leur manquent, ils ont imaginé de mettre à contribution les caravanes que la ſuperſtition mène dans leurs ſables. La plus nombreuſe qui va de Damas à la Mecque, achète la sûreté de ſon voyage par un tribut de cent bourſes, ou de cent cinquante mille livres, auquel le grand-ſeigneur s’eſt ſoumis, & qui, par d’anciennes conventions, ſe partage entre toutes les hordes. Les autres caravanes s’arrangent uniquement avec les hordes, ſur le territoire deſquelles il leur faut paſſer.

Indépendamment de cette reſſource, les Arabes de la partie du déſert qui eſt le plus au Nord, en ont cherché une autre dans leurs brigandages. Ces hommes ſi humains, ſi fidèles, ſi déſintéreſſés entre eux, ſont féroces & avides avec les nations étrangères. Hôtes bienfaiſans & généreux ſous leurs tentes, ils dévaſtent habituellement les bourgades & les petites villes de leur voiſinage. On les trouve bons pères, bons maris, bons maîtres : mais tout ce qui n’eſt pas de leur famille, eſt leur ennemi. Leurs courſes s’étendent ſouvent fort loin ; & il n’eſt pas rare