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l’intelligence & même de l’ouverture pour les ſciences ; mais il les cultive peu, ſoit défaut de ſecours ou même de beſoins : aimant mieux ſouffrir, ſans doute, les maux de la nature, que les peines du travail. Les Arabes de nos jours n’ont aucun monument de génie, aucune production de leur induſtrie, qui les rende recommandables dans l’hiſtoire de l’eſprit humain.

Leur paſſion dominante, c’eſt la jalouſie, tourment des âmes ardentes, foibles, oiſives, à qui l’on pourroit demander, ſi c’eſt par eſtime ou par mépris d’elles-mêmes qu’elles ſont méfiantes. C’eſt des Arabes, dit-on, que pluſieurs nations de l’Aſie, de l’Afrique, de l’Europe même, ont emprunté les viles précautions que cette odieuſe paſſion inſpire, contre un ſexe qui doit être le dépoſitaire, & non le tributaire de nos plaiſirs. Auſſi-tôt que leurs filles ſont nées, ils rapprochent par une ſorte de couture les parties que la nature a séparées, & n’y laiſſent libre que l’eſpace qui eſt néceſſaire pour les écoulemens naturels. Les chairs adhèrent peu-à-peu à meſure que l’enfant prend ſon accroiſſement, de ſorte qu’on eſt obligé de les ſéparer par