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qu’ils perfectionnoient. Les Arabes furent moins heureux dans les beaux-arts, où ils montrèrent à la vérité quelque génie ; mais aucune idée de ce goût que la nature donna quelque tems après aux peuples qui ſe firent leurs diſciples.

Peut-être le génie, enfant de l’imagination qui crée, appartient-il aux pays chauds, féconds en productions, en ſpectacles, en événemens merveilleux qui excitent l’enthouſiaſme ; tandis que le goût, qui choiſit & moiſſonne dans les champs où le génie a ſemé, ſemble convenir davantage à des peuples ſobres, doux & modérés, qui vivent ſous un ciel heureuſement tempéré. Peut-être auſſi ce même goût, qui ne peut être que le fruit d’une raiſon épurée & mûrie par le tems, demande-t-il une certaine habilité dans le gouvernement, mêlée d’une certaine liberté dans les eſprits ; un progrès inſenſible de lumières, qui, donnant une plus grande étendue au génie, lui fait ſaiſir des rapports plus juſtes entre les objets, & une plus heureuſe combinaiſon de ces ſenſations mixtes, qui font les délices des âmes délicates. Ainſi les Arabes preſque toujours pouſſés en des