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épuisé, pouvoit-il réſiſter à un coup ſi imprévu, ſi accablant ?

IX. Débats occaſionnés en Angleterre par les privilèges de la compagnie.

La paix qui devoit finir tant de malheurs, y mit le comble. Il s’éleva dans les trois royaumes un cri général contre la compagnie, Ce n’étoit pas ſa décadence qui lui ſuſcitoit des ennemis ; elle ne faiſoit que les enhardir. Ses premiers pas avoient été contrariés. Dès 1615, quelques politiques avoient déclamé contre le commerce des Indes Orientales. Ils l’accuſoient d’affoiblir les forces navales, par une grande conſommation d’hommes ; & de diminuer, ſans dédommagement, les expéditions pour le Levant & pour la Ruſſie. Ces clameurs, quoique contredites par des hommes éclairés, devinrent ſi violentes vers l’an 1628, que la compagnie ſe voyant exposée à l’animoſité de la nation, s’adreſſa au gouvernement. Elle le ſupplioit d’examiner la nature de ſon commerce ; de le prohiber, s’il étoit contraire aux intérêts de l’état ; & s’il lui étoit favorable, de l’autoriſer par une déclaration publique. Le tems n’avoit qu’aſſoupi cette oppoſition nationale ; & elle ſe renouvela plus furieuſe que jamais, au tems dont nous parlons. Ceux qui étoient moins