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En changeant de maximes & de conduite, la compagnie pouvoit ſe flatter de ſortir du précipice affreux où elle s’étoit jettée elle-même. Une révolution qui lui étoit étrangère, ruina bientôt ces douces eſpérances. Jacques II, deſpote & fanatique, mais le prince de ſon ſiècle qui entendoit le mieux la marine & le commerce, fut précipité du trône. Cet événement arma l’Europe entière. Les ſuites de ces ſanglantes diviſions ſont aſſez connues. L’on ignore peut-être que les armateurs François enlevèrent à la Grande-Bretagne quatre mille deux cens bâtimens marchands qui furent évalués ſix cens ſoixante-quinze millions de livres ; & que la plupart des vaiſſeaux qui revenoient des Indes, ſe trouvèrent compris dans cette fatale liſte. Ces déprédations furent ſuivies d’une diſpoſition économique, qui devoit accélérer la ruine de la compagnie. Les réfugiés François avoient porté en Irlande & en Écoſſe la culture du lin & du chanvre. Pour encourager cette branche d’induſtrie, on crut devoir proſcrire l’uſage des toiles des Indes, excepté les mouſſelines, & celles qui étoient néceſſaires au commerce d’Afrique. Un corps déjà