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tyrans ; & ce n’eſt que par le ſeul titre de bienfaiteur qu’on ſe fait aimer.

Si celui qui habite à côté de vous enfonce ſon or ; ſoyez sûr que vous en êtes maudit.

À quoi bon vous oppoſer à une révolution éloignée, ſans doute, mais qui s’exécutera malgré vos efforts ? Il faut que le monde que vous avez envahi s’affranchiſſe de celui que vous habitez. Alors les mers ne sépareront plus que deux amis, que deux frères. Quel ſi grand malheur voyez-vous donc à cela, injuſtes, cruels, inflexibles tyrans ?

L’ouvrage de la ſageſſe n’eſt pas éternel : mais celui de la folie s’ébranle ſans ceſſe, & ne tarde pas à crouler. La première grave ſes caractères, ſes caractères durables ſur le rocher ; la ſeconde trace les ſiens ſur le ſable.

Des établiſſemens ont été formés & renversés ; des ruines ſe ſont entaſſées ſur des ruines ; des eſpaces peuplés ſont devenus déſerts ; des ports remplis de bâtimens ont été abandonnés ; des maſſes que le ſang avoit mal cimentées ſe ſont diſſoutes, ont mis à découvert les oſſemens confondus des meurtriers & des tyrans. Il ſemble que de contrée en contrée la proſpérité ſoit pourſuivie