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Aurengzeb, qui tenoit les rênes de l’empire d’une main ferme, ne différa pas d’un moment la punition d’un ſi grand outrage. Un de ſes lieutenans débarque au commencement de 1689, avec vingt-mille hommes à Bombay, iſle importante du Malabar, qu’une princeſſe de Portugal avoit apportée en dot à Charles II, & que ce monarque avoit cédée à la compagnie en 1668. À l’approche de l’ennemi, l’on abandonne le fort de Magazan avec tant de précipitation, qu’on y oublie de l’argent, des vivres, pluſieurs caiſſes remplies d’armes, & quatorze pièces de gros canon. Le général Indien, enhardi par ce premier avantage, attaque les Anglois dans la plaine, les bat & les réduit à ſe renfermer tous dans la principale fortereſſe, où il les inveſtit, & où il eſpère les forcer bientôt de ſe rendre.

Child, auſſi lâche dans le danger qu’il avoit paru audacieux dans ſes pirateries, envoie ſur le champ des députés à la cour, pour y demander grâce. Après bien des ſupplications, bien des baſſeſſes, ces Anglois ſont admis devant l’empereur, les mains liées & la face proſternée contre terre. Aurengzeb,