Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v2.djvu/561

Cette page n’a pas encore été corrigée

Lorſque l’iſle de France & Pondichery ſeront arrivés au point de force où il convient de les porter, la cour de Verſailles ne craindra plus d’accorder à ſes négocians la protection que le ſouverain doit à ſes ſujets, dans toute l’étendue de ſa domination. De ſon côté, le miniſtère Britannique ſera plus convaincu qu’il ne l’a paru de la néceſſité de contenir les ſiens dans les bornes de la modération & de la juſtice. Mais fera-t-on renoncer la compagnie Angloiſe aux abus de puiſſance, aux principes relâchés que lui a inſpirés ſon étonnante proſpérité ? On ne ſauroit l’eſpérer. Sa réſiſtance aigrira les eſprits. Les intérêts des deux nations rivales ſe heurteront ; & de ce choc ſortira la guerre.

Loin, & à jamais loin de nous toute idée qui tendrait à rallumer les flambeaux de la diſcorde. Que plutôt la voix de la philoſophie & de la raiſon ſe faſſe entendre des maîtres du monde. Puiſſent tous les ſouverains, après tant de ſiècles d’erreur, préférer la vertueuſe gloire de faire un petit nombre d’heureux, à l’ambition frénétique de dominer ſur des régions dévaſtées & des cœurs ulcérés !