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pour agir dans l’Indoſtan ſuivant les circonſtances.

Ces vues trouveront des cenſeurs. L’iſle de France coûte annuellement à l’état 8 000 000 livres. Cette dépenſe, qu’il n’eſt guère poſſible de réduire, indigne beaucoup de bons citoyens. Ils voudraient qu’on ſe détachât de cet établiſſement ainſi que de Bourbon qui en eſt une onéreuſe dépendance.

Ce ſeroit en effet le parti qu’il conviendroit de prendre, à n’enviſager que le commerce languiſſant que les François font actuellement dans l’Inde. Mais la politique étend plus loin ſes ſpéculations. Elle prévoie que ſi l’on s’arrêtoit à cette réſolution, les Anglois chaſſeroient des mers d’Aſie toutes les nations étrangères ; qu’ils s’empareroient de toutes les richeſſes de ces vaſtes contrées ; & que de ſi puiſſans moyens réunis dans leurs mains leur donneroient en Europe une influence dangereuſe. Ces conſidérations doivent convaincre de plus en plus la cour de Verſailles de la néceſſité de fortifier ſans délai l’iſle de France ; mais en prenant des meſures efficaces pour n’être pas trompée par les agens qu’elle aura choiſis.