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pole. Mais l’iſle manquoit alors de vaiſſeaux & de numéraire ; elle n’avoit ni objets d’exportation, ni moyens de conſommation. Par toutes ces raiſons, l’expérience fut malheureuſe, & la colonie fut fixée à l’état d’un établiſſement purement agricole.

Ce nouvel ordre de choſes occaſionna de nouvelles fautes. On fit paſſer de la métropole dans la colonie des hommes qui n’avoient ni le goût ni l’habitude du travail. Les terreins furent diſtribués au haſard, & ſans diſtinguer ce qu’il falloit défricher de ce qui ne devoit pas l’être. Des avances furent faites au cultivateur, non en proportion de ſon induſtrie, mais de la protection qu’il avoit ſu ſe ménager dans l’adminiſtration. La compagnie, qui gagnoit cent pour cent ſur les marchandiſes qu’elle envoyoit d’Europe, & cinquante pour cent ſur celles qui lui venoient de l’Inde, exigea que les productions du pays fuſſent livrées à vil prix dans ſes magaſins. Pour comble de malheur, le corps qui avoit concentré dans ſes mains tous les pouvoirs, manqua aux engagemens qu’il avoit pris avec ſes ſujets ou, ſi l’on veut, avec ſes eſclaves.